samedi 17 novembre 2012

Soudain, dans la forêt profonde


4ème de couv': Un village au bout du monde, triste et gris, encerclé par d'épaisses forêts. Un village maudit : toutes les bêtes, tous les oiseaux et même les poissons de la rivière l'ont déserté. Deux enfants, Matti et Maya, décident d'élucider le mystère et s'aventurent dans la forêt en dépit de l'interdit...

Mon avis : Le village de Matti et Maya est morne est triste : tous les animaux l'ont déserté. Plus un seul ne coure, galope, rampe ou vole aux alentours... Et plus un seul adulte du village n'accepte d'avouer qu'ils ont pu exister. Ils sont dans le déni le plus total, et quiconque a le malheur d'y croire est stigmatisé. Pourtant, les deux héros ne se résignent pas : ils veulent savoir ce qui s'est passé, ils veulent y croire. Ce joli conte avait tout pour me plaire : le thème, le titre, les illustrations, que je trouve somptueuse. Mais je n'ai guère été transportée par cette histoire simple, à l'écriture simpliste. Un conte, donc, avec sa part de merveilleux et d'enseignement. Une jolie histoire en faveur de la tolérance, contre les mesquineries du quotidien et le jugement hâtif., une lecture facile et accessible au plus jeune, agréable, mais c'est tout... Dommage... J'aurais aimé aimer davantage.

mercredi 14 novembre 2012

Le magasin des suicides


4ème de couv' : Vous avez raté votre vie ? Avec nous, vous réussirez votre mort !
Imaginez un magasin où l'on vend depuis dix générations tous les ingrédients possibles pour se suicider. Cette petite entreprise familiale prospère dans la tristesse et l'humeur sombre jusqu'au jour abominable où surgit un adversaire impitoyable : la joie de vivre...

Mon Avis :  L'idée de départ est alléchante, et autour de moi, à une certaine époque, tout le monde lisait ce petit roman irrévérencieux. Et j'avais justement besoin d'une petite chose acidulée. Mais bon. Si le thème est sympathique (un magasin qui vous aide à réussir votre suicide en vendant des articles en tous genres : cordes pour les pendus, poisons à renifler, à ingurgiter, et tout un arsenal adapté aux goûts et aspirations de chacun des désespérés qui pousse la porte de la boutique), l'écriture enlevée, c'est un peu trop léger tout de même. L'écriture est agréable, mais a quelque chose d'inabouti. On se régale au départ des trouvailles de Mishima et Lucrèce (ils se sont bien trouvés, ces ceux là !), et puis, c'est moins savoureux, plus convenu, un peu couru d'avance. La zizanie provoquée par le petit dernier, rayon de soleil dans cette famille Adams hyper spécialisée est vraiment prévisible. Le frisson s'éteint doucement. Comme le bocal de bonbons dont un sur deux est empoisonné du magasin, pour laisser une chance aux enfants... Quand on sait qu'ils n'ont été remplacés que par des bonbons sains, ce n'est plus le même plaisir d'en manger. J'ai un peu ressenti cela, à la lecture... Et la fin ne me satisfait pas du tout, comme s'il avait fallu justifier que tout cela soit cousu de fil blanc par un retournement de situation, pour ne pas dire une chute, qui validerait l'ensemble comme pour dire : "vous voyez que tout cela avait un but et qu'il y a un enseignement à chercher là-dessous". Je préférais finalement goûter mes bonbons pour leur saveur sucrée, sans poison, certes, mais dans la douceur...

samedi 10 novembre 2012

L'Avant dernière chance


4ème de couv' : A Londres, lors du tournage d'une fiction pour la télévision, Adèle, une jeune stagiaire française, reçoit un texto totalement inattendu et absolument irréel : son grand-père, mort quelques jours auparavant, lui souhaite un joyeux anniversaire... Adèle se remémore alors les événements de ce dernier mois. Son papy, Georges, quatre-vingt-trois ans, les pieds plantés dans son potager, enraciné dans sa bonne vieille terre du Poitou, a subitement décidé de partir pour un tour de France avec son voisin et ami Charles, soixante-seize ans. Sa petite-fille a découvert leur projet et, inquiète pour la santé de son aïeul, lui a fait promettre de lui envoyer des nouvelles tous les jours par texto. Commence alors une drôle de correspondance, tendre et complice, entre le grand-père et sa petite-fille, qui ne se sont pas vus depuis dix ans. Ce beau récit, touchant et juste, mêle à la gouaille des dialogues l'émotion de sentiments qui peinent à se révéler. 

Mon Avis : Quand j'ai commencé ce roman, je me suis dit... "Ah, mouais... c'est facile et léger, ça manque un peu de densité...". En réalité, je trouvais cela TROP facile et TROP léger... La petite stagiaire à Londres, le tournage du film. Je n'étais pas plus emballée que cela. Puis on glisse dans l'univers de son grand-père, Georges, de son refus de vieillir (croit-on, au départ), de cette dernière chance qu'il s'accorde avec cette idée loufoque de Tour de France en voiture. Et le récit prend une autre tournure. Acquiert un côté truculent, joyeux, optimiste... On ne quitte plus Georges et les aventures douces-amères de nos deux papys deviennent savoureuses et émouvantes, interrogent sur la rapport à la vieillesse et à nos propres anciens, sur le temps que l'on laisse filer. Alors, oui, la lecture est facile... mais elle est aussi tout en nuances et en émotions non dites, elle est touchante et réveille en nous des parts de notre enfance si nous avons eu la chance, comme Adèle, d'avoir des relations heureuses et épanouies avec nos grands-parents. Et à l'achèvement de ce roman très doux, je révise mon jugement, puisque j'ai ri et pleuré : ce n'est pas une lecture facile. C'est une lecture toute simple, simple et juste qui ne vous laissera pas indifférents.

vendredi 9 novembre 2012

Gueule d'amour


4ème de couv' : Si la guerre me rappelait tous les jours qu'elle m'avait épargné, la moindre des politesses, c'était de ne pas me foutre de sa gueule, vu qu'elle s'était déjà payé la mienne.

Mon Avis : Toujours sur la thématique des Gueules cassées de 14-18 que j'explore en ce moment, une BD particulièrement poignante et émouvante sur le sujet du retour à la vie "normale". Comment revenir en acceptant son nouveau visage, comment se faire accepter par l'autre, qu'il soit un inconnu ou sa propre femme ? Mais il n'y a aucun misérabilisme dans cet album... La force du trait apporte beaucoup de vitalité à ce sujet pourtant difficile à traiter. Il y a un côté truculent, une force vitale qui se détache de l'intrigue, un appétit d'exister et d'être reconnu... et en même temps, le choix du noir et blanc, du dessin au critérium apporte aussi une dose de noirceur et de cynisme. Une vraie réussite graphique !

Pour un peu de bonheur, T1 : Félix


4ème de couv' : Printemps 1919. Quelques mois après l'Armistice, Félix Castelan, un "poilu", revient dans son village natal. Mais il n'est plus le même homme : un obus allemand lui a emporté la moitié du visage. À cette blessure physique s'ajoute une blessure psychologique. Regardé comme une bête curieuse par certains, Félix comprend qu'il aura du mal à retrouver sa place parmi les siens, entre une femme infidèle et un fils qui se souvient à peine de lui. Au même moment, une série de meurtres mystérieux met le village en émoi. Un policier, lui aussi ancien blessé de guerre, arrive de Paris pour mener l'enquête.

Mon Avis : Je ne suis pas experte en BD, mais en ce moment, je lis beaucoup de choses sur cette thématique des gueules cassées de la première guerre mondiale... Sans misérabilisme, avec un trait un peu classique, à l'image de l'intrigue, le duo Laurent Galandon / A.Dan réussit un récit tout en nuances, et qui parvient selon moi le tour de force de parler d'un sujet dur, grave sans tomber dans le pathos. On sent le héros perdu, la gêne autour de lui, la complexité de ce retour au village natal. Beaucoup de sensibilité, donc, pour un récit sans grandes surprises pour l'instant, mais qui m'a plu par son réalisme emprunt de retenue. Un bémol car j'ai trouvé le récit bien court... J'attends la suite avec impatience !

mercredi 7 novembre 2012

La Porte des Mondes


4ème de couv' : La Porte des mondes est un roman initiatique qui plaira aux adolescents. L'événement fondateur - le point de rupture avec l'histoire telle que nous la connaissons - est loin d'être anecdotique. Si le monde de 1980 imaginé par Silverberg est si différent du nôtre, c'est que la peste noire a tellement dépeuplé l'Europe que l'Empire aztèque domine les Amériques tandis que l'Empire turc règne sur le vieux continent. La Porte des mondes ne brosse cependant pas un monde idéal, où règne l'harmonie : la lutte pour la domination fait aussi rage et le jeune héros devra choisir entre le pouvoir et l'amour.

Mon avis : Je ne sais pas qui est l'illustrateur mal embouché, ou l'éditeur pas réveillé qui a choisi cette image pour illustrer La Porte des Mondes, mais je pense sincèrement qu'il ne l'a pas lu ! Rien à voir avec des créatures d'un autre monde, rien à voir avec la Science Fiction : nous sommes dans une uchronie légère et distrayante : la grande peste noire a décimé l'Europe, l'affaiblissant au profit des Aztèques, des Incas, des Turcs et des Russes qui sont les nations dominantes du monde de Dan Beauchamp, le personnage, jeune anglais fougueux en quête de gloire et de reconnaissance... Il quitte son Angleterre natale pour les Héspérides, ainsi qu'on nomme les Amériques dans cet univers décalé, cherchant l'aventure, et avide de pouvoir ; il y fera des rencontres, s'interrogera sur le destin de chacun, nouera des amitiés qui vont l'entraîner de pays en pays, loin de chez lui... Un lecture divertissante, un court récit plein de rebondissements ; la découverte de cet univers "parallèle" au nôtre est agréable et facile, peut-être à peine trop, même. Je n'ai pas ressenti d'enthousiasme particulier, mais j'ai passé un bon moment de lecture.

mardi 30 octobre 2012

Mange, Prie, Aime


4ème de couv' : A trente et un ans, Elizabeth possède tout ce qu’une femme peut souhaiter : un mari dévoué, une belle maison, une carrière prometteuse. Pourtant, elle est rongée par l’angoisse et le doute. Un divorce, une dépression et une liaison désastreuse la laissent encore plus désemparée. Elle décide alors de tout plaquer pour partir seule à travers le monde !
En Italie, elle goûte aux délices de la dolce vita et prend les « douze kilos les plus heureux de sa vie » ; en Inde, ashram et rigueur ascétique l’aident à discipliner son esprit et, en Indonésie, elle cherche à réconcilier son corps et son âme pour trouver cet équilibre qu’on appelle le bonheur…
Et qui n’a jamais rêvé de changer de vie ?

Mon avis : J'avais vraiment aimé le film... Cette quête du bonheur dans la nourriture, la méditation et la joie de vivre à Bali m'avait enchantée, littéralement... Julia Roberts, au charme quasi éternel apportait fraîcheur et sensualité à cette version filmique, avec un brin de romantisme, certes, et une pointe d'Hollywood sauce bien-pensante, OK...
Il en va tout autrement du roman d'Elizabeth Gilbert, et c'est pour tout dire la première fois que j'aime mieux une adaptation que le roman original... Le roman n'est pas à proprement parlé désagréable, il se "laisse lire". Mais... c'est tout. Sans plus : aucun enthousiasme et aucun frisson supplémentaire. Cela ne me laisse aucun goût particulier. En fait, cela ne m'a pas donné l'impression de lire un roman, mais quelque chose qui naviguerait entre l'essai et le journal intime. Comme si ce n'était pas écrit pour un lecteur, mais que l'auteur écrivait pour lui-même, que nous accédions à son journal de bord, ses réflexions, mais guère au récit, au côté romancé. On ne peut pas même dire qu'il y ait une réelle intrigue. On n'attend rien, on ne s'impatiente pas.
On atteint finalement l'ataraxie du lecteur, à défaut de celle du sage, ou de la béatitude spirituelle recherchée dans le roman. Une lecture intéressante, mais sans relief, nourrissante parfois, mais sans suspense. Bref, un brin de déception, même si j'ai terminé, avec soulagement, je dois dire. Je ne trouve pas les personnages attachants, ni les principaux, ni les secondaires. L'histoire d'amour m'a laissée de marbre... Je me rends compte, qu'en fait, ce qui m'a le plus intéressée, ce sont les anecdotes de voyage, les passages où l'auteur explique les coutumes des pays traversés. Je crois en fait que j'attendais un roman d'amour et d'aventure spirituelle, et que j'ai trouvé un journal de voyage, ou un truc métissé, mélangé, qui n'atteint ses promesses, à mon sens, dans aucun des genres visés.

vendredi 12 octobre 2012

La Planète des Singes


4ème de couv' : Écrit dans les années 1960, La Planète des singes a fait les beaux jours du cinéma. Mais rendons à Pierre Boulle ce qui appartient à Pierre Boulle. Dans une bouteille dérivant dans l’espace, un manuscrit. Le récit d’Ulysse Mérou. Lui et deux membres d’une expédition débarquent sur une lointaine planète habitée. On y voit, depuis l’espace, des routes, des villes. Ulysse découvrira que les hommes y sont réduits en esclavage, n’étant pas plus intelligents que des bêtes. Place aux singes, qui accueillent ce visiteur singulier avec étonnement et perplexité. Mais le malaise prendra vite la relève quand des vestiges d’une ancienne civilisation humaine seront mis au jour. Pierre Boulle, qui n’a pas mis de statue de la Liberté dans son roman, nous livre une fable fascinante, tout en exotisme et en intelligence, de laquelle émerge une réflexion sur la place de l’homme dans l’univers. Découvrir la véritable Planète des singes est indispensable.

Mon avis : Nous avons tous en tête des images datant de diverses époques liées aux adaptations télévisuelles ou cinématographiques de la Planète des Singes... aussi est-ce avec intérêt que j'ai attaqué ce court roman de Pierre Boule pour clore mon challenge Science Fiction avec Livraddict...
La lecture en est agréable et fluide, même si l'écriture et le texte sont un peu datés, comme nombre de romans des années 60 dans lesquels on retrouve le même phrasé, le même style... Mais dans cette Planète des singes, ce qui importe le plus, ce n'est pas le style, mais l'évolution d'Ulysse Mérou, de l'homme à la bête, puis de la bête à l'homme, avec toute la réflexion qui accompagne ces changements sur ce qui fait de nous des êtres pensants, sur la supériorité de l'homme sur d'autres animaux... Qu'est-ce que la conscience ? En quoi sommes-nous autorisés à dominer la nature ? Quel regard portons-nous sur le règne animal ? Qu'est-ce qui crée la supériorité humaine ? Qui l'autorise ? Bref, autant de questions soulevées qui restent sans réponse, mais peuvent nourrir notre réflexion...

lundi 8 octobre 2012

L'ombre du vent


4ème de couv' : Dans la Barcelone de l'après-guerre civile, " ville des prodiges " marquée par la défaite, la vie difficile, les haines qui rôdent toujours. Par un matin brumeux de 1945, un homme emmène son petit garçon - Daniel Sempere, le narrateur - dans un lieu mystérieux du quartier gothique : le Cimetière des Livres Oubliés. L'enfant, qui rêve toujours de sa mère morte, est ainsi convié par son père, modeste boutiquier de livres d'occasion, à un étrange rituel qui se transmet de génération en génération : il doit y " adopter " un volume parmi des centaines de milliers. Là, il rencontre le livre qui va changer le cours de sa vie, le marquer à jamais et l'entraîner dans un labyrinthe d'aventures et de secrets " enterrés dans l'âme de la ville " : L'Ombre du vent. Avec ce tableau historique, roman d'apprentissage évoquant les émois de l'adolescence, récit fantastique dans la pure tradition du Fantôme de l'Opéra ou du Maître et Marguerite, énigme où les mystères s'emboîtent comme des poupées russes, Carlos Ruiz Zafon mêle inextricablement la littérature et la vie.

Mon avis : Pour commencer et comme toujours, je vous livre mon état d'esprit en attaquant ce livre, parce que cet aspect me paraît pour beaucoup dans le jugement que nous portons sur les oeuvres... Je m'attendais à un récit intimiste, car j'avais choisi ce livre uniquement sur son titre qui me paraissait évocateur et prometteur, mais je ne savais rien de ce récit. J'avais donc comme "horizon d'attente" un court livre intimiste sur l'Espagne... "court" ? Oui ! Je lis sur liseuse, et donc, je n'ai guère la notion de la grosseur des livres que j'attaque. J'ai en plus commencé ce roman à un moment de grande fatigue intellectuelle et générale.
Bref... Tout ça pour dire que les débuts ont été laborieux : j'étais perdue dans le labyrinthe de ce roman, me rendant compte au fur et à mesure que j'avais attaqué un pavé de 700 pages. Les personnages, l'intrigue m'échappait. Je croyais saisir l'essence de ce roman, mais j'étais toujours un peu hagarde en reprenant ma lecture de me rendre compte que l'essentiel ne m'avait pas même frôlée. J'aimais déjà la galerie des personnages et un sentiment de mystère qui planait sur l'ensemble et m'invitait à poursuivre malgré la fatigue, malgré le découragement et les incertitudes... Bien m'en a pris. Et heureusement que ce roman est long (j'aurais décroché, sinon !). Car passé les 250 premières pages, tout s'est éclairé : j'étais dans un roman à tiroirs, et chaque élément allait prendre sa place en son heure. Les tourments d'adolescence de Daniel, personnage attachant mais dont la lâcheté intrinsèque, compréhensible car due à son jeune âge, m'agaçait tout de même un peu, ne sont pas la plus grande part du récit. La toile qui se tisse est plus large que lui et les découvertes qu'il fait, et que nous attendons avec une impatience grandissante mêlent sa propre construction à un panel de destins tourmentés sur fond de guerres... Je n'ai pas pu lâcher le roman à partir de la moitié, hypnotisée et séduite par sa construction brillante, séduite par les révélations toujours surprenantes, enchantée des personnages truculents, mais subtils et attachants... 
Au final, un très bon moment de lecture !

mardi 25 septembre 2012

La couleur des sentiments


4ème de couv' : Jackson, Mississippi, 1962. Dans quelques mois, Martin Luther King marchera sur Washington pour défendre les droits civiques. Mais dans le Sud, toutes les familles blanches ont encore une bonne noire, qui a le droit de s'occuper des enfants mais pas d'utiliser les toilettes de la maison. Quand deux domestiques, aidées par une journaliste, décident de raconter leur vie au service des Blancs dans un livre, elles ne se doutent pas que la petite histoire s'apprête à rejoindre la grande, et que leur vie ne sera plus jamais la même. Passionnant de bout en bout, "La Couleur des sentiments" a bouleversé l'Amérique et déjà conquis plus de deux millions de lecteurs, parmi lesquels un certain Steven Spielberg.

Mon avis : Je suis littéralement tombée sous le charme de ce récit frais, poignant, touchant, écrit dans une langue agréable et soignée. Les personnages sont justes et attachants, que ce soient les trois figures principales d'Aibileen, de Minny ou de Skeeter, ou les personnages négatifs, même si ces derniers sont parfois un peu caricaturaux (mais c'est de bonne guerre, quand on pense au traitement des noirs dans la littérature du genre). On ne les en déteste que plus, même si je trouve que l'auteur a bien réussi à montrer que chacun n'est que le produit d'une mentalité de l'époque et d'une éducation. C'est donc parfois un peu manichéen, mais cela n'empêche pas le récit d'être vraiment passionnant. J'ai particulièrement aimé le personnage d'Aibileen et son rapport aux enfants qui donne bien à voir le déchirement de ces femmes qui élèvent des enfants blancs avec amour, dévotion pour les voir adopter malgré cela un comportement odieux et colonialiste vis à vis d'elles en grandissant... Le livre débute comme une confession intimiste et gagne peu à peu en épaisseur et en tension : le récit à 3 voix permet d'envisager les rapports des uns aux autres de façon différente, de voir des "bonnes" et des patronnes différentes, de ne pas sombrer dans l'angélisme ni diaboliser un personnage en particulier, mais de replacer le problème dans le cadre d'une société toute entière, confite dans ses préjugés, installée dans un système arriéré qui ne laisse pas de place aux gens de couleur, certes, mais qui ne laisse pas de place aux femmes tout court, qui voit le monde changer, mais n'intègre que peu ces transformations... Bref, c'est aussi un vrai roman sur les années 60, leurs contradictions, et le vent de changement qui souffle sur toute une époque.
Un énorme coup de coeur, donc !