mercredi 29 août 2012

Le Déchronologue


4ème de couverture : Au XVIIe siècle, sur la mer des Caraïbes, le capitaine Henri Villon et son équipage de pirates luttent pour préserver leur liberté dans un monde déchiré par d'impitoyables perturbations temporelles, Leur arme: le Déchronologue, un navire dont les canons tirent du temps. Qu'espérait Villon en quittant Port-Margot pour donner la chasse à un galion espagnol? Mettre la main, peut-être, sur une maravilla, une des merveilles secrètes, si rares, qui apparaissent quelquefois aux abords du Nouveau Monde. Assurément pas croiser l'impensable: un Léviathan de fer glissant dans l'orage, capable de cracher la foudre et d'abattre la mort! Lorsque des personnages hauts en couleur, au verbe fleuri ou au rugueux parler des îles, croisent objets et intrus venus du futur, un souffle picaresque et original confronte le récit d'aventures maritimes à la science-fiction. De quoi être précipité sur ces rivages lointains où l'Histoire éventrée fait continûment naufrage, où les marins affrontent tous les temps. Car avec eux, on sait: qu'importe de vaincre ou de sombrer, puisque l'important est de se battre!

Mon avis : Encore un livre que je n'aurais pas lu sans ma participation intensive à plusieurs challenges de Livraddict ou Babelio... et pourtant, quel livre ! Le foisonnement qui est le sien ne permet que d'en parler maladroitement : nous embarquons pour une authentique histoire de pirates, et petit à petit s'immisce la science-fiction, l'apparition de "maravillas" déconcertantes, et les perturbations temporelles qui ne prendront jamais le pas sur le récit de flibuste du départ. C'est bien une histoire de pirates, que nous lisons... Flibustiers des Caraïbes naissantes, loups de mer, tous hâbleurs, querelleurs, gens de mer durs à la tâche, la galerie de personnages est certainement le meilleur atout de ce roman haut en couleurs. Le Capitaine Villon, dont nous suivons les aventures, perdu dans les méandres d'une époque devenue folle et qu'il ne maîtrise plus est un pirate du XVIIe qui manie avec une égale dextérité le verbe, l'épée, et la barre de son bateau. C'est un flibustier revenu de tout, alcoolique, désabusé, grand observateur de son époque, et profondément humain dont nous suivons les errances, les doutes, et les envolées héroïques avec autant d'enthousiasme et une infinie tendresse pour cet être brisé. L'écriture est vraiment agréable, véritablement littéraire, jouant sans artifice avec les codes de l'époque décrite. Un régal de lecture après les nombreux romans pour adolescent lus cet été ! Beaucoup ont commenté la construction du roman pour l'encenser, ou au contraire s'en agacer. En effet, le roman est déconstruit, les chapitres sont distribués dans un ordre qui paraît aléatoire, mêlant les époques et les épisodes dans un joyeux fouillis qui semble en avoir décontenancé plus d'un. J'avoue que lorsque je lis, je ne me pose pas de questions. Si l'histoire m'embarque, et ce fut le cas de celle-ci, je me laisse volontiers porter, même en eaux tumultueuses. Bien sûr, ce n'est pas une lecture facile, trop facile... Il faut accepter de ne pas tout comprendre, de voir les réponses attendues retardées, et les débuts sont un peu laborieux... Mais si on accepte le principe, la construction n'est pas désagréable ; j'ai par exemple aimé rencontrer des personnages dans des situations de crise, et découvrir par la suite comment Villon les avait rencontrés et les circonstances dans laquelle ces amitiés parfois improbables avaient pu naître. J'ai aimé aussi trouver dans la succession des chapitres une forme de contrepoint : tel personnage subit ainsi deux ou trois éclairages différents en peu de pages, et gagne ainsi en densité. Je suis bien incapable de dire si ce livre aurait gagné à être lu dans l'ordre chronologique, comme certains l'ont dit, ou fait... Je suis bien incapable aussi de voir ce que l'on y perdrait ou gagnerait... Je sais juste que sous la forme qui est la sienne, voulue par l'auteur, c'est une lecture que je vous recommande avec enthousiasme !


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