lundi 17 décembre 2012

Moi, René Tardi, prisonnier de guerre au Stalag IIB


4ème de couv ' : Avec Moi, René Tardi, prisonnier de guerre - Stalag IIB, Jacques Tardi concrétise un projet mûri de très longue date : transposer en bande dessinée les carnets de son propre père, rédigés des années durant sur des cahiers d’écolier, où celui-ci tient par le menu la chronique de sa jeunesse, en grande partie centrée sur ses années de guerre et de captivité en Allemagne. Après avoir, comme on le sait, énormément travaillé sur la guerre de 14 – 18, c’est la première fois que Tardi se penche d’aussi près sur la période de la Seconde Guerre mondiale. Ce faisant, il développe également un projet profondément personnel : en mettant en images l’histoire de son père militaire, Tardi explore rien moins que les racines, les origines et les ressorts de sa propre vie. Ce « roman familial » prend des accents d’autant plus intimes que Tardi a associé au projet deux de ses propres enfants, Rachel (qui assure la mise en couleur) et Oscar (documentation et recherches iconographiques).

Mon avis : On connaît le travail de Tardi sur la première guerre mondiale, salvateur, cru et nécessaire... Cette fois, c'est à la seconde qu'il s'attaque. Mais pas au camp d'extermination, pas aux horreurs du nazisme, du moins, pas celles qui hantent la mémoire collective. Non, il traite d'une mémoire bien plus intime, bien plus cachée et oubliée : les prisonniers de guerre en Allemagne. On découvre la vie ordinaire de ces camps de prisonniers, la faim omniprésente, les privations, le travail forcé. Pas de four crématoire, ici, pas d'extermination massive. Mais un quotidien marqué par la nourriture manquante, les tentatives d'évasion, les combines pour survivre, la colère contre l'état français, et la haine du boche... C'est comme à son habitude, une réussite : le trait est toujours aussi incisif et parlant, il mêle petite et grande histoire, récit anecdotique et préoccupations majeures avec talent, pour notre plus grande joie. Je pense que c'est encore une fois un grand album de Tardi, qui donne à voir une part méconnue de cette guerre, une part tue, qu'il est bon et utile d'exhumer en mémoire de tous ces soldats qui ont pourri dans des camps et que l'histoire  a un peu oubliés.

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